Après plus de trois mois de confinement, des dizaines de milliers de résidents en CHSLD peuvent enfin recevoir des visiteurs et séjourner une fin de semaine chez leurs proches. Les CHSLD où une éclosion de COVID-19 demeure active seront toutefois soumis à certaines restrictions.

Lundi matin, le directeur de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, avait laissé entendre, en fin d’entrevue sur ICI Première, que des mesures de déconfinement devaient être annoncées sous peu.

Or, selon les documents obtenus par Radio-Canada, les PDG des établissements de santé (CISSS, CIUSSS) ont reçu ce matin le plan de déconfinement des CHSLD qui entre en vigueur à compter du 18 juin.

Le plan prévoit notamment pour les CHSLD sans éclosion de COVID-19 des sorties sans supervision et des sorties de résidents actuels pour un séjour à l’extérieur de plus de 24 heures dans la communauté.

Il prévoit aussi la possibilité de visites et de rencontres extérieures.

Il permet en outre la présence de personnel offrant des soins (dentaires, hygiénistes dentaires, audioprothésistes, etc.) et de personnel embauché par le résident ou sa famille (coiffeuse, dame de compagnie, etc.).

Les bénévoles sont aussi désormais bienvenus, les activités de loisir seront de retour ainsi que les repas dans la salle à manger.

Enfin, les activités de groupe à l’intérieur et à l’extérieur sont également autorisées avec le concept de bulle ou en respectant la distanciation physique.

Dans les CHSLD où des résidents sont atteints de la COVID-19, les visites demeureront interdites tandis que des conditions s’appliqueront pour les sorties.

Dans le cas d’une éclosion localisée dans le CHSLD, les résidents asymptomatiques de la zone non touchée pourraient être autorisés à sortir selon la recommandation de l’équipe PCI ou la direction de la santé publique, précise-t-on dans les documents.

On compte actuellementautour de 70 CHSLD (Nouvelle fenêtre) où au moins un résident est atteint de la COVID-19.

Au total, on compte au Québec 412 CHSLD (publics, privés conventionnés, privés non conventionnés) qui hébergent plus de 40 000 personnes.

Des mesures souhaitées et fort attendues

Ces mesures étaient réclamées par quelque 67 médecins qui ont rendu publique, plus tôt ce matin, une lettre ouverte dans laquelle ils tiraient la sonnette d’alarme sur la situation des aînés dans les CHSLD et en résidence.

Ces médecins, dont de nombreux gériatres, se disaient préoccupés de la dureté des mesures de confinement implantées dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 et qui continuent de s’appliquer à leur endroit et compromettent sérieusement leur santé et leur bien-être.

Nos collègues du réseau de la santé et nous sommes témoins des conséquences délétères des mesures de confinement sur la santé physique et psychologique des personnes âgées, ce qui soulève chez nous de grandes inquiétudes.

Les signataires de la lettre rappellaient que les visites sont interdites dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et les autres résidences pour aînés depuis le 14 mars.

Or, faisait valoir la Dre Annik Dupras, gériatre à l’hôpital Pierre-Le Gardeur et signataire de la lettre ouverte, cela devrait être permis que la personne ait un contact quotidien avec un proche.

La distance de marche étant restreinte aux limites de leur chambre, les résidents restent immobiles la plupart du temps, faisait-elle aussi remarquer.

Ils perdent la masse musculaire et de la force. Ils n’ont pas tous aussi la capacité d’avoir le wi-fi, le téléphone avec données ou même la télévision. Ils sont confinés entre quatre murs et les conséquences énormes sur leur santé psychologique.

Des personnes âgées sont confinées à leur chambre, jusqu’à 24 heures sur 24, depuis trois mois maintenant, et ce, qu’elles soient infectées par le virus ou non, affirmaient les signataires, ajoutant que le recours à des mesures de contention physique, environnementale et médicamenteuse est désormais fréquent.

Les gériatres et les autres signataires mettaient garde contre les conséquences d’un tel confinement chez les personnes âgées en citant l’exemple de l’isolement social et l’immobilisation aux effets néfastes autant sur leur santé physique, psychologique que cognitive.

En entrevue à RDI, la Dre Annik Dupras évoquait notamment des conditions difficiles dans les résidences pour personnes autonomes.

On a la permission de sortir sans supervision, mais les propriétaires ne la respectent pas toujours, disait-elle. Il en est de même pour les visites.

Pistes de solution

Au-delà du constat, les signataires de la lettre ouverte recommandent entre autres d’autoriser la visite d’au moins un proche pour tous les résidents, dans le respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale, d’autoriser aussi des sorties supervisées à l’extérieur et d’interdire que des aînés soient enfermés 24 heures sur 24 dans leur chambre.

Ils proposent aussi des mesures de réparation comme le soutien psychologique ou psychiatrique et la mise sur pied d’équipes multidisciplinaires, dont la mission serait d’élaborer un plan de réhabilitation pour les personnes âgées, de les soigner, de les stimuler et de leur apporter du réconfort.

Nous ne pouvons accepter d’assister passivement à la détérioration de leurs facultés, de leur autonomie, de leur qualité de vie, voire de leur dignité, concluent les signataires.

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