Tous les élèves, du préscolaire à la cinquième secondaire, reviendront en classe en septembre, selon les ratios normaux par classe et par enseignant, a annoncé le ministre de l’Éducation du Québec, Jean-François Roberge.
Ce retour en classe sera obligatoire à moins d’avoir une condition médicale très particulière
, a précisé le ministre.
Et bien qu’il reconnaît ne pas savoir vraiment ce qui nous attend cet automne
, ne sachant pas si une deuxième vague de COVID-19 frappera, il est d’avis qu’on se donne le temps, en l’annonçant aujourd’hui, de réussir cette rentrée
.
On s’est rassuré pendant cette rentrée du mois de mai [hors du Grand Montréal], on a vu que la propagation était limitée
, a-t-il souligné.
Les élèves étaient pas mal plus matures que bien des adultes, très capables d’appliquer des mesures de distanciation.
Les horaires et la gestion des déplacements entre les classes seront ajustés pour limiter les risques.
Ce sont dorénavant les enseignants qui se déplaceront de classe en classe entre les cours, chaque groupe d’élèves aura donc son local.
Pour les élèves des trois premières années du secondaire, les horaires de cours et de projets particuliers seront réaménagés
pour assurer le respect du principe des groupes-classes fermés
.
Les classes seront quant à elles organisées en sous-groupes de six élèves et moins pour limiter les risques de contagion.
Les élèves dans un même sous-groupe n’auront pas de distance à respecter. Ces sous-groupes devront toutefois être séparés les uns des autres par au moins un mètre, et l’enseignant, autant que possible, devra maintenir une distance de deux mètres entre les élèves et lui.

Les groupes d’élèves auront leurs locaux attirés, mais pourront notamment en sortir pour les cours d’éducation physique.
Photo : Yves Phaneuf
Les centres de services scolaires, successeurs des commissions scolaires, auront deux options en ce qui a trait aux classes de 4e et de 5e secondaire.
Ils pourront soit gérer ces groupes de la même façon que les autres groupes du secondaire, soit les accueillir en alternance, une journée sur deux, en respectant les mesures de distanciation physique en vigueur dans le reste de la société.
Dans ce second scénario, proposé pour permettre aux centres de services scolaires de s’adapter en fonction de leur réalité et des besoins identifiés dans leurs milieux respectifs
, les élèves continueraient une partie de leur formation à distance par des apprentissages en ligne et des travaux à faire à la maison.
Finalement, pour la formation générale des adultes et la formation professionnelle, le retour en classe est aussi prévu dans le but de permettre les apprentissages pratiques et les examens. Les mesures de distanciation devront être respectées lorsque c’est possible. S’il est impossible d’appliquer ces mesures dans un programme ou dans un cours, les élèves et les enseignants devront se munir d’équipements de protection individuelle.
En fonction des nouvelles règles annoncées par Québec lundi, la distanciation à respecter dans les centres de formation professionnelle, tout comme dans les cégeps et les universités, sera d’un mètre et demi.
Les mesures préexistantes de désinfection des locaux et du matériel adoptées ce printemps seront maintenues.
Préparer le reconfinement au cas où
Le gouvernement veut tout de même en faire davantage pour limiter les risques d’éclosion dans les écoles. B”,”text”:”On sait bien qu’il nous faut un planB”}}” lang=”fr”>On sait bien qu’il nous faut un plan B
, comme le dit le ministre.
Pour ce faire, il ordonne aux centres de services scolaires de se doter de plans de contingence permettant de reprendre promptement l’enseignement à distance si la situation sanitaire se complique.
Les équipes-écoles pourront élaborer leur propre protocole en fonction de leurs besoins spécifiques.
Québec a déjà débloqué une enveloppe de 150 millions de dollars pour aider les centres de services à se doter de matériel informatique, dont des tablettes, en vue de la rentrée.

La capacité à fournir des tablettes et des ordinateurs aux élèves si une deuxième vague de COVID-19 force à nouveau l’arrêt des cours en classe est une priorité de Québec.
Photo : Radio-Canada
Le gouvernement continue aussi d’élaborer des contenus pédagogiques à diffuser sur la télé et sur le web en cas de reconfinement. Des centaines de capsules vidéo ont été commandées à l’entreprise montréalaise Savoir média.
Tout ça ne doit pas être improvisé
, insiste le ministre. On va être prêts à toute éventualité, parce qu’il ne faut pas se mentir, le réseau n’était pas prêt en mars dernier. La formation à distance, ce n’est pas habituel.
Il s’attend à ce que tous les mécanismes soient mis en place au cours de l’été pour combler l’ensemble des besoins potentiels de matériel.
Le ministre Roberge a profité de son point de presse pour clarifier quelques éléments concernant la rentrée déjà prévue dans les cégeps et universités.
Une approche hybride entre le retour en classe et enseignement à distance sera en vigueur, mais la présence sur les campus sera priorisée, surtout pour les étudiants en difficulté et les nouveaux venus. La cote R sera rétablie dans les cégeps.
QS demande plus de ressources pédagogiques
La porte-parole de Québec solidaire en matière d’éducation, Christine Labrie, a réagi en soulignant le silence du ministre concernant les ressources pédagogiques qui aident les enseignants à encadrer et à soutenir les élèves.
Plusieurs élèves vont revenir de loin. Ils auront passé six mois sans faire d’activités scolaires. Pour eux, ça ne sera pas une rentrée normale et je m’attendais à ce qu’on prévoie un ajout important de ressources professionnelles, et même une diminution du nombre d’élèves par classes.
Elle souligne que le réseau scolaire manquait déjà de personnel, à l’exemple des orthopédagogues, et que les enseignants demandaient déjà une réduction du nombre d’élèves par groupe.
On va faire face à des besoins décuplés en septembre, mais sans moyens supplémentaires. Ça m’inquiète profondément pour la réussite et le décrochage
, anticipe la députée solidaire.
Dans un communiqué de presse, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a fait écho à cette demande. Les listes d’attente pour l’accès aux services spécialisés étaient déjà longues
, fait valoir la centrale syndicale, qui appelle Québec à répondre à ces besoins d’ici la rentrée.
La CSQ demande aussi au ministre Roberge de détailler son plan jusqu’à ce qu’il n’y ait plus la moindre ambiguïté sur les moyens qui seront pris pour assurer la sécurité des élèves et des enseignants.
Nouveaux cas et décès
Le Québec a recensé 92 nouveaux cas de contamination à la COVID-19 au cours des dernières 24 heures, pour un total de 54 146. La santé publique fait aussi état de 21 décès additionnels, auxquels s’ajoutent 6 décès survenus avant le 8 juin, ce qui porte le bilan à 5269 morts.
Le gouvernement a par ailleurs précisé que le nombre d’hospitalisations a diminué de 53 patients, avec 718 personnes ayant besoin de soins. De ce nombre, 77 patients se trouvent aux soins intensifs, soit un recul de 5 patients.
Montréal demeure la région la plus touchée au Québec, avec 26 757 cas de contamination et 3216 décès.
Les villes limitrophes de la métropole sont également durement affectées par la pandémie : la Montérégie avec 7628 cas confirmés, Laval avec 5686 et Lanaudière avec 4132.
Au 15 juin, 480 360 cas négatifs ont été analysés après prélèvement.