Devant l’annonce faite lundi par le gouvernement Legault quant au retour graduel des élèves du primaire en classe, les syndicats du milieu de l’enseignement déplorent le flou, voire l’inexistence de recommandations entourant la protection de leurs membres contre la COVID-19.

: il n’est pas question qu’un prof retourne en classe sans équipement de protection”,”text”:”D’entrée de jeu, je vais être très clair: il n’est pas question qu’un prof retourne en classe sans équipement de protection”}}” lang=”fr”>D’entrée de jeu, je vais être très clair : il n’est pas question qu’un prof retourne en classe sans équipement de protection, a affirmé sur les ondes d’ICI RDI Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

Le plan de déconfinement prévoit que les écoles primaires et les garderies rouvriront leurs portes le 11 mai dans les régions du Québec. Les établissements du Grand Montréal devront pour leur part attendre au 19 mai pour faire de même.

On n’a pas de recommandation à l’effet d’imposer un équipement de protection aux enseignants et aux enseignantes dans nos écoles, a confirmé le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, lors d’un point de presse, lundi après-midi, pour détailler le plan annoncé plus tôt par le premier ministre.

Présent lors du même point de presse, le Dr Richard Massé, conseiller stratégique à la Direction générale de la santé publique du Québec, a tenu à apporter une nuance. S’il y a des classes spéciales avec des enfants pour lesquels il y a des comportements particuliers, dans ces cas-là, ils pourraient se protéger.

Le président de la FAE, qui représente 45 000 enseignants, est cependant catégorique :

Il va falloir que le ministre et le premier ministre s’y fassent, il n’est pas question qu’on accepte que les enseignantes et les enseignants qu’on représente retournent au travail, mener le combat contre la COVID, sans protection. Ça, c’est impensable.

On va dans les supermarchés, les caissiers et les caissières, à raison, sont protégés par un plexiglas, a-t-il illustré.

Selon lui, des directives claires doivent donc venir du ministère quant à la distanciation sociale, au lavage des mains, ainsi qu’au port de gants, de masques et de visières dans les écoles. Et si les règles ne sont pas appliquées, à qui doit-on parler?

Du côté de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la présidente Sonia Éthier a offert le même son de cloche, en entrevue à ICI RDI. Les règles de santé et de sécurité, pour nous, c’est non négociable, a-t-elle dit.

Nos membres vont se présenter au travail, il faut suivre les directives de la santé publique, c’est planifié par le gouvernement, mais ce n’est pas au prix, par contre, de leur santé, a souligné la présidente de la CSQ, qui représente plus de 200 000 membres, dont environ 125 000 font partie du personnel de l’éducation.

Des questions sans réponses

Selon Sonia Éthier, il est présentement crucial que le gouvernement écoute les gens qui sont sur le terrain afin de mettre à profit leur expertise et leur expérience. On dit depuis le début qu’on veut faire partie de la solution, mais il y a beaucoup de questions, et il va falloir trouver des réponses.

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), estime énorme le défi qui attend tout le réseau de l’éducation. Ça éclate de partout présentement. Les gens ont énormément de questions et ils ont l’impression qu’ils n’ont pas eu les réponses, a-t-elle dit en entrevue à l’émission Le 15-18.

Les enseignants veulent être au rendez-vous, mais nous, on le répète, on veut une sécurité pour tout le monde, a également prévenu Mme Scalabrini.

Du côté de la Fédération québécoise des établissements d’enseignement (FQDE), le président Nicolas Prévost affirme que l’annonce d’aujourd’hui constitue un pas dans la bonne direction.

Il estime cependant que les écoles ont du pain sur la planche pour orchestrer le retour en classe d’une partie des élèves tout en respectant les mesures d’hygiène édictées par la santé publique. C’est réaliste, mais il faudra se mettre à la tâche activement, a-t-il affirmé également en entrevue au 15-18.

Beaucoup d’aspects plus techniques doivent encore être élucidés, dit-il. Ce qui est le plus complexe, c’est le déplacement des élèves. Il va falloir faire des horaires différents pour les récréations pour les différents groupes, même chose pour aller à la toilette. Il reste aussi à voir comment on va organiser les dîners, peut-être qu’ils se feront dans la classe, a-t-il expliqué.

« On n’est pas contre, mais… »

Sylvain Mallette déplore le fait de ne pas avoir pu consulter le plan gouvernemental avant son annonce. Il affirme que le ministre de l’Éducation avait demandé à la FAE de fournir pour le début du mois de mai ses recommandations sur la réouverture, mais il a déposé son plan avant même qu’on puisse le faire.

On sent beaucoup qu’il y a une volonté de transformer les écoles primaires en immenses garderies, pourquoi? Parce que l’objectif, c’est de relancer les activités économiques au Québec. […] On n’est pas contre la réouverture des écoles, mais ce n’est pas vrai que ça va se faire à nos frais.

À ce compte, Josée Scalabrini croit que le gouvernement a un travail de communication à effectuer.

Ce qui ressort beaucoup, c’est : “Ça y est, on est une grande garderie”. Il faut qu’il y ait un message dans les prochains jours du premier ministre et du ministre de l’Éducation pour préciser l’objectif du retour. Si c’est un objectif de santé mentale, de sécuriser certains milieux, prenons le temps de se dire les vraies choses.

Au Conseil du patronat du Québec (CPQ), on se réjouit de la réouverture des écoles primaires et des garderies.

Bien que plusieurs parent-travailleurs pourront profiter de cette réouverture, il est important de rappeler qu’il est d’abord nécessaire de le faire pour le bien-être de nos enfants, a réagi Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction du CPQ, par communiqué.

En ce qui concerne la réouverture qui se fera une semaine plus tard dans la grande région de Montréal, le CPQ estime que ce délai ne doit pas s’allonger et s’attend également à ce qu’un tel délai ne soit pas plus long en ce qui concerne la réouverture des commerces.

Après six semaines de confinement, le gouvernement Legault doit présenter mardi son plan pour la réouverture des entreprises au Québec.

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