Doug Ford déclarait l’état d’urgence en Ontario il y a un mois, c’était le 17 mars. Au même moment, le premier ministre entreprenait une métamorphose. Le politicien reconnu pour son côté bouillant est devenu calme et rassembleur. Sa réponse à la crise de la COVID-19 semble faire consensus au sein de l’électorat.
Les Ontariens redécouvrent leur premier ministre et son gouvernement, qui étaient tous deux en perte de vitesse avant l’arrivée de la COVID-19. Je n’étais pas vraiment admiratrice de Doug Ford, mais je pense qu’il fait du bon travail
, admet Kim Vance, une naturopathe de Guelph.
Jusqu’ici, Kim Vance a été agréablement surprise par la réponse du gouvernement Ford à la pandémie.
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Même constat pour Carol Ann Douglas : « Je ne suis pas une sympathisante, mais je pense que dans les circonstances, il fait un trop bon travail ». Peu importe la couleur politique, ils sont plusieurs à l’avouer : Doug Ford surprend depuis le début de la pandémie.
Carol Ann Douglas aime le nouveau visage que montre Doug Ford dernièrement.
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Nous l’aimons plus qu’avant. Est-ce qu’il changera quand tout ça sera terminé? Je ne le sais pas.
Le politologue Peter Graefe a aussi remarqué la transformation « inattendue » de Doug Ford. Sa tendance à politiser les dossiers plutôt que de suivre l’avis des experts a notamment disparu. C’est quelqu’un qui est maintenant prêt à suivre les consignes des experts en santé publique et à livrer leur message
, souligne-t-il.
Le politologue Peter Graefe croit que le premier ministre et son gouvernement pourraient ressortir plus forts de cette crise de santé publique.
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D’après lui, la crise sanitaire pourrait donner un second souffle au gouvernement ontarien. Ce n’est pas si souvent que les politiciens ont cette occasion, à mi-mandat, de recommencer à zéro pour essayer de rebâtir le lien de confiance avec les citoyens
, explique-t-il.
Je pense que c’était un cadeau pour le gouvernement.
Il y a à peine quelques semaines, le gouvernement progressiste-conservateur était embourbé, jonglant avec plusieurs dossiers humiliants. Le fiasco des nouvelles plaques d’immatriculation avait notamment entaché sa crédibilité. On se posait des questions par rapport à la capacité de ce gouvernement, on riait plus ou moins du premier ministre Ford, rappelle Peter Graefe. Donc là, il a le potentiel d’utiliser la crise comme un tremplin.
Doug Ford n’obtient toutefois pas une note parfaite. Son gouvernement a connu quelques ratés depuis le début de la crise, notamment avec le faible taux de dépistage dans la province. Il a aussi essuyé les critiques en raison de sa vitesse de réaction au moment des éclosions dans les foyers pour aînés. Trop peu, trop tard, selon des observateurs. S’il veut vraiment rebondir, le premier ministre devra corriger le tir.
Place à la collaboration
Même ses plus grands critiques à Queen’s Park reconnaissent que le premier ministre fait bonne figure ces jours-ci. Le député et chef du Parti vert Mike Schreiner apprécie le changement de ton de Doug Ford. Le premier ministre a fait preuve d’empathie. Il a été clair dans ses communications. Il s’est concentré sur la crise et ne se laisse plus distraire par la partisanerie politique
, indique le député de Guelph.
Je crois que tous les politiciens ont adopté un nouveau ton. C’est certainement moins partisan que ce ne l’était.
Le député vert Mike Schreiner espère que la bonne collaboration entre les partis politiques pourra se poursuivre une fois que l’état d’urgence prendra fin.
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Depuis la déclaration d’état d’urgence, la collaboration est plus naturelle entre les formations politiques à l’Assemblée législative. Les projets de loi jugés essentiels sont adoptés à l’unanimité et de manière expéditive. Le rôle d’opposition est plus difficile à jouer, selon Mike Schreiner; conjuguer solidarité et reddition de compte est un exercice difficile. Mon travail est de reconnaître les bons coups du gouvernement, mais aussi de mettre en lumière les lacunes dans sa gestion de la crise
, affirme-t-il.
Par exemple, Mike Schreiner réclame à la province une aide financière sous la forme d’un congé de loyer pour les petits commerçants. Une aide essentielle, selon lui, qui permettrait à bien des entrepreneurs de survivre au ralentissement de l’économie.
La suite des choses
Les problèmes sont loin d’être réglés pour Doug Ford. Les attentes sont grandes, notamment en ce qui concerne la relance de l’économie. Mais un regain de popularité dans les mois à venir est plus que probable, selon le politologue Peter Graefe. Il ne serait pas étonnant que les progressistes-conservateurs regagnent la confiance perdue de certains électeurs qui avaient voté pour Doug Ford en 2018, mais qui étaient restés sur leur faim depuis.
Peter Graefe prévoit aussi des changements politiques importants pour le gouvernement. La crise de la COVID-19 ouvre la porte à des modifications importantes de la plateforme conservatrice en Ontario. Je pense que ça va pousser le gouvernement à se recentrer
, prévient Peter Graefe. Ultimement, Doug Ford aura à choisir entre deux directions : assainir les finances publiques ou jouer au rassembleur et dépenser des milliards. Sa redéfinition de l’Ontario par une diminution de la taille de l’État sera peut-être mise sur pause.
Est-ce que la transformation de Doug Ford sera suffisante pour séduire les électeurs et obtenir leur vote au prochain scrutin provincial? Je ne sais pas. J’ai besoin de plus de temps
, lance Kim Vance avant de s’esclaffer. Elle n’est probablement pas la seule à songer à donner une première ou une seconde chance au gouvernement Ford.