L’incidence des blocages ferroviaires sur les entreprises, notamment certaines PME tributaires du gaz propane pour fonctionner, préoccupe le ministre québécois de l’Économie et de l’Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon.
Malgré les injonctions ordonnant le démantèlement des camps des manifestants qui entravent les voies ferrées depuis 21 jours, les blocages se multiplient un peu partout au pays en soutien aux chefs héréditaires wet’suwet’en, qui s’opposent à la construction du gazoduc Coastal GasLink sur leur territoire ancestral, dans le nord de la Colombie-Britannique.
On parle de 20 % des marchandises qui doivent être transférées au système routier, 80 % sont paralysées. On attend tous que les choses se règlent dans les prochains jours. On ne parle pas de semaines.
Pierre Fitzgibbon n’est pas le seul représentant du gouvernement caquiste à avoir exprimé son inquiétude, mercredi. Combien de temps faut-il attendre? Cela fait trois semaines
, a notamment lancé le premier ministre François Legault.
La crise est rendue à un moment critique
pour la santé économique du Québec, a pour sa part estimé Jean Boulet, ministre du Travail, qui a demandé au gouvernement fédéral un plan d’action avec un échéancier serré de retour à la normale. Il faut qu’Ottawa assume un leadership qui est beaucoup plus clair et beaucoup plus pratique
, a-t-il ajouté.
Jonatan Julien, ministre des Ressources naturelles, évalue à quatre ou cinq jours
les réserves de propane.
Du côté de l’Union des producteurs agricoles (UPA), on précise que la situation crée confusion et frustration chez les agriculteurs.
C’est le néant, on a un gros point d’interrogation. On ne sait vraiment pas ce qui va arriver. On a peu ou pas d’alternatives possibles et rapides pour remplacer le gaz propane pour chauffer le bâtiment
, explique Benoit Magny, président des Éleveurs de porcs de la Mauricie.
Un autre éleveur de porcs de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, à qui Radio-Canada a parlé, craint le manque de gaz propane.
Il dit réussir à tenir le coup pour l’instant, puisque sa porcherie n’est occupée qu’à 60 % pour le moment. Mais il en sera autrement lundi, quand il recevra 1500 porcelets. Il devra alors chauffer ses installations au maximum, mais ne sait pas encore à quel moment il pourra s’approvisionner en propane pour ce faire.
Ralentissement économique et mises à pied
Les blocages ferroviaires ont aussi d’autres répercussions. À Dolbeau-Mistassini, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Produits forestiers Résolu a mis fin temporairement aux activités de son usine, mercredi, ce qui veut dire que 167 travailleurs seront mis à pied dès lundi.
La compagnie a de la difficulté à expédier ses produits finis, et les entrepôts sont à pleine capacité.
L’entreprise a déjà fermé trois scieries en Abitbi-Témiscamingue en début de semaine, mettant à pied 200 travailleurs.
Chez Uniboard Canada, une autre entreprise du secteur du bois, la production est au ralenti et l’entreprise a temporairement mis à pied environ 70 travailleurs au Québec.
La Côte-Nord n’est pas en reste. Les exportations de produits industriels sont compliquées et des restaurateurs réduisent leurs heures d’ouverture.