Le gouvernement Trudeau est en gestion de crise, lundi, au 12e jour du mouvement de contestation engendrée par le refus des chefs héréditaires de la Première Nation Wet’suwet’en de laisser la construction du projet Coastal GasLink aller de l’avant.

Le Groupe d’intervention en cas d’incident, convoqué dimanche par le premier ministre Justin Trudeau afin de trouver une solution pacifique au blocage des voies ferrées qui perturbe le transport de marchandises et de passagers, est réuni sur la Colline parlementaire.

Outre le premier ministre, la rencontre réunissait les ministres Marc Miller (Services aux Autochtones), Carolyn Bennett (Relations Couronne-Autochtones), Marc Garneau (Transports), Bill Blair (Sécurité publique), Chrystia Freeland (Affaires intergouvernementales) Pablo Rodriguez (leader du gouvernement aux Communes), Bill Morneau (Finances), Seamus O’Regan (Ressources naturelles) et David Lametti (Justice).

M. Trudeau s’est fait avare de commentaires à la sortie de la rencontre. Il a convenu que la situation était inquiétante pour de nombreux Canadiens et a réitéré que son gouvernement cherche à résoudre la situation rapidement et pacifiquement.

Aucun autre ministre n’a offert de commentaires à la presse à la sortie de la rencontre.

Selon le bureau du premier ministre, un compte-rendu de la rencontre sera publié au cours des prochaines heures. Il n’est cependant pas clair qu’un ou des ministres répondront aux questions des médias.

Même s’il reconnaît que le blocage des voies ferrées, toujours en cours près de Belleville, en Ontario, est une activité illégale, le gouvernement Trudeau préconise une solution négociée à ce conflit. Les démarches entreprises jusqu’ici sont toutefois demeurées vaines.

Samedi, le ministre Miller n’a rapporté que de modestes progrès au terme de sa rencontre avec les manifestants mohawks de Tyendinaga après avoir discuté avec eux pendant près de huit heures dans un centre communautaire situé non loin de leur campement.

Selon le bureau du premier ministre, Mme Bennett a eu pour sa part plusieurs conversations avec les chefs héréditaires Wet’suwet’en au cours des derniers jours. Elle s’est engagée à les rencontrer au moment qui leur convient, a-t-il indiqué dans une déclaration publiée dimanche.

Signe que la situation se corse dans ce dossier, le premier ministre Trudeau a annulé dimanche son voyage à la Barbade, qui s’inscrivait dans la campagne de son gouvernement pour obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Il est remplacé par le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

Legault continue de faire pression sur Trudeau

Le premier ministre du Québec François Legault a répété pour une énième fois lundi que le premier ministre canadien doit s’engager davantage dans le dossier, qui a d’importantes répercussions dans sa province comme ailleurs au pays.

Je pense que Justin Trudeau doit s’impliquer, il faut se donner des limites, a-t-il dit depuis Montréal, où il signait un protocole d’entente sur le développement économique de la région d’Eeyou Istchee Baie-James avec le grand chef du Grand Conseil des Cris, Abel Bosum.

Je comprends qu’il faut le faire en discutant avec les nations autochtones. Mais en ce moment, il commence à y avoir des pénuries dans plusieurs secteurs, surtout le transport des marchandises, qui [ont] un impact très important sur notre économie.

M. Legault a précisé qu’il devait parler de nouveau avec M. Trudeau plus tard dans la journée.

Le chef Bosum n’a pas voulu dire s’il appuyait les manifestants, mais il a clairement souligné qu’il importait que les Premières Nations et les différents gouvernements au pays apprennent à mieux dialoguer.

C’est ce qui arrive quand vous n’écoutez pas les gens ou que vous tentez d’aller de l’avant et de développer un projet sans leur consentement. Il faut en tirer des leçons, a-t-il déclaré.

Espérons que les gouvernements de partout au Canada comprendront qu’il y a une meilleure façon d’approcher les Premières Nations, et vice versa.

Il y a moyen de planifier un avenir commun. Ça consiste à s’asseoir ensemble, a encore dit le chef Bosum, en prenant pour exemple la Convention de la Baie-James, qui a jeté les bases d’une coopération entre Québec et les Cris en 1975.

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